Blog > Fujifilm GFX 50
J’ai eu la chance d’essayer ou de posséder des appareils photo de marques différentes, au fil des ans ; et, pourtant, j’ai pris une claque monumentale avec ces Fujifilm GFX50S / GFX50R
Je m’attendais à des différences avec ce capteur plus grand. J’avoue avoir eu des craintes avant de commencer cette journée — septembre 2017 — en compagnie du GFX50S ; en particulier à cause de la taille du capteur et des micros-tremblements liés. Comme je ne comptais pas utiliser un trépied, il allait me falloir une vitesse d’obturation suffisamment élevée afin d’éviter les flous disgracieux.
Après 1200 photos, je peux affirmer qu’aucune photo n’a été ratée à cause de l’appareil ou d’un quelconque tremblement.
J’ai utilisé le GFX50S avec l’objectif GF 120 mm F4 macro et le GF 63 mm F2.8 pour des portraits et des détails de robes de mariée destinés au lookbook 2017 de Melody Nelson. J’avais quelques heures, montre en main — mille mercis à mon ami Cédric — pour étrenner la bête et voir ce qu’elle avait dans le ventre.
Quant à la version 50R, je l’ai utilisée quelques mois durant, à partir de mars 2019, pour mon usage personnel et principalement du portrait en lumière naturelle, accompagné du GF 63 mm F2.8 et du formidable GF 110 mm F2.0.
Levons le voile du suspense : j’ai été conquis. Malgré cela, je vais rester le plus objectif possible, car le GFX n’est pas exempt de défauts.
Je ne vais pas non plus faire une longue comparaison entre les versions S et R, car, à part la forme et quelques détails, ils sont identiques ou presque.
Pari réussi ?
Fujifilm a-t-il réussi son entrée dans le monde du moyen-format ?
Le GFX50S souffre, si je puis dire, du même défaut que son petit frère, le X-T2 : la prise en main est bonne, mais dix fois meilleure si on lui adjoint sa poignée — non comprise — comptez plus de 650 € pour le GFX50S et plus de 300 € pour le X-T2…
J’ai eu la chance de pouvoir essayer un 50S avec poignée. La prise en main est excellente, même si le poids de l’ensemble commence à se faire sentir dans les poignets au bout de quelques heures d’utilisation.
Le GFX 50R ressemble, quant à lui, à un gros X-Pro2/3 La préhension est agréable, mais dû au poids plus élevé de l’appareil et de l’objectif, il est plus fatigant sur la durée. Rien de grave.
Les boutons sont idéalement placés, point de gymnastique de doigts pour atteindre tel ou tel réglage. L’absence de D-Pad — les quatre flèches — ne m’a jamais gêné puisque le joystick est présent et efficace.
Le GFX 50S/R est un vrai Fuji et on retrouve vite ses marques. Il est simple de passer du X-T2 au GFX, et vice-versa, tant les appareils sont proches : menus, boutons, réglages sont presque semblables. Pas de surprises.
Sur le GFX 50S, seul bémol : le bouton Play qui permet de visionner les images est placé trop près de l’EVF et difficile d’accès.
Peu importe la version : S ou R, les deux GFX50 ont chacun un viseur OLED de 3,69 millions de pixels pour notre/votre plus grande joie et confort ; car c’est avant tout de cela qu’il s’agit. Le dégagement oculaire est parfait, y compris sur le 50R qui a pourtant un œilleton plus petit, mais aucun problème à ce point de vue. La vue est claire et dégagée, y compris avec des lunettes.
Le 50S, quant à lui, a un viseur amovible, en option — EVF-TL1. Ce dernier permet, par exemple, si l’appareil est posé sur le sol, de viser à la verticale : pratique. Le viseur d’origine n’a rien à lui envier. Grand, clair et confortable, c’est un pur plaisir à utiliser, même si, le GFX100 (la version 100 millions de pixels) dispose d’un viseur de plus de 5 MP de résolution… miam ! Mais… le miam a un prix : près de 10 000 €.
L’EVF couvre 100 % de la vue, tout comme l’écran arrière de 3,2 pouces et de 2,36 MP. Il est tactile et inclinable : 3 axes sur le GFX50S et 2 axes sur le GFX50R. Qu’on utilise l’EVF ou l’écran LCD arrière, le rendu des couleurs est parfaitement fidèle et ne souffre, à mes yeux, d’aucun défaut particulier.
La qualité d'image est LE point fort des appareils moyens formats ; les GFX50S ou R ne dérogent pas à la règle : extraordinaire ! Les fichiers RAW des appareils ont pris de l’embonpoint par rapport aux X-T2/Pro2 et consorts. Comptez 150-200 Mo par photo brute, en moyenne.
Sur le web et en particulier sur Instagram, je ne pense pas que cette qualité d’image vous sautera forcément aux yeux. Sur grand écran — pas une télévision ! —, les fichiers des GFX vont vous scotcher et vous décrocher la mâchoire ainsi que la tapisserie.
Les 51 millions de pixels offrent un rendu d’image que j’ai rarement vu auparavant. Des dégradés à baver, une profondeur et richesse des couleurs ainsi qu’une justesse à tous niveaux ; sans parler de la netteté et de la patte des couleurs Fujifilm. Un sans faute.
Je n’ai pas testé en profondeur la montée en hautes sensibilités. Non, car j’ajoute du grain sur mes images tant je trouve que cela ajoute du caractère aux photos. Je ne cherche pas l’image parfaitement lisse à 50 ISO. Je n’en ai cure. Les hautes sensibilités des GFX ne m’ont pas semblé moins bons que ceux des Fujifilm X, malgré leur grand capteur, que du contraire.
Jusqu’à présent, c’était un sans-faute sur les GFX50S ou R.
Je vais être franc, l’autofocus des GFX est lourd, pataud et patine vite dans la choucroute. Evidemment, chacun sait que ce n’est pas le type d’appareil qu’on achète pour la photo de sport.
Je ne dirais pas que l’AF est mauvais, mais, dès qu’il s’agit de capter du mouvement, on atteint vite les limites des appareils et des objectifs qui perdront vite la boule.
Grand capteur implique gros fichiers et par conséquent quelques contraintes.
Pas question, avec un GFX ou un appareil moyen format, de développer vos images sur un ordinateur d’entrée de gamme. Non, il souffrirait vite et vous ne seriez pas efficace. Chaque fichier étant gros et lourd, il nécessitera de la puissance de calcul ainsi qu’une bonne carte graphique.
Un écran de bonne qualité ne sera pas de trop, car, à nouveau, avec des images d’une telle richesse, ce serait dommage de les massacrer sur un écran bas de gamme aux teintes verdâtres.
Des contraintes sont liées à la taille du capteur en lui-même. Un grand capteur sera plus sensible aux tremblements. Il est d’ailleurs conseillé d’utiliser ce type d’appareils sur un trépied. Je ne les pas utilisés avec un trépied ; je n’aime pas ça. Par ailleurs, je n’ai pas constaté de problème lié aux tremblements, tant qu’on pense à garder un couple vitesse/type de focale raisonnable.
Le budget peut être un frein. Bien que, pour du moyen format, cela reste accessible, un système de base vous en coûtera ± 10 000 € — un appareil et deux objectifs.
En définitive, je dirais que nous sommes dans un autre monde. Encore plus "marché de niche" que le Fujifilm X-Pro3, le GFX50S/R est un appareil à part. Nouveau dans la gamme chez Fujifilm qui, au passage, réussit un coup de maître, en proposant un appareil moyen format aux alentours de 5 000 €, sans transiger sur la qualité. C’est du jamais vu.
Que ce soit au niveau de la fabrication, de la qualité des images, des objectifs, c’est un quasi-sans-faute.
Reste que ce type d’appareil ne se destine pas à toutes et tous. Cela a un coût, mais il faut aussi et surtout en avoir l’utilité. J’ai été chanceux de pouvoir en posséder un durant quelques mois, mais j’ai vite compris que cela ne convenait pas à mon usage, car je préfère la compacité et la réelle portabilité du système X chez Fujifilm.
Cela nécessitait surtout d’adapter ma façon de travailler et la quasi-totalité de mon matériel informatique (voir plus haut).
Fujifilm est parvenu à réaliser ce que beaucoup de marques ont rêvé sans y parvenir. Un magnifique tour de force — dans un gant de velours. Pari réussi.
N.B. La rédaction de cet article a commencé en octobre 2017.