Au commencement, nous étions alors en 2013, il y eut le X-E2. C’est l’appareil qui a tout bouleversé : mes habitudes, mes repères, mon confort. Même si l’année précédente m’avait donné l’occasion de tester en profondeur le X-Pro1.
DU T1 AU T3
Le X-T1 est ensuite arrivé. Rempli de belles nouveautés et de grandes promesses ; tenues ou non, mais qu’importe. Il avait de magnifiques atouts et surtout me confortait dans le choix que j’avais fait quelques mois plus tôt.
Le X-T1 a été l’appareil que j’ai le plus utilisé dans ma vie de photographe.
Je l’ai emmené partout à travers la Belgique, la France, ainsi qu’aux États-Unis et au Mexique, dans des conditions de chaleur et d’humidité assez délirantes. Jamais il ne m’a fait défaut, quelle que soit la situation.
Or, le X-T1 était alors considéré par beaucoup — ils vont nier — comme un appareil d’amateur ; suprême insulte ?
Puis, un jour, sans prévenir, le successeur du X-T1 débarque pour le remplacer. Le X-T2 était né.
Dire que Fujifilm est à l’écoute est un doux euphémisme. Tout ce qui n’allait pas sur le X-T1 avait été corrigé ; les boutons un peu mous, les trappes lâches, etc. Tout ce qui faisait défaut avait été amélioré avec brio.
J’avais eu l’occasion de le tester, accompagné du fabuleux 100-400mm, lors d’un après-midi à Louvain-la-Neuve. Impressionnants : l’appareil comme l’objectif.
Le changement majeur venait, pour ma part, de l’autofocus : plus vif et précis. Fujifilm commençait à voir le bout du tunnel pour ce qui concernait le défaut majeur de ses appareils : l’autofocus.
REVU EN PROFONDEUR
Cette fois, pour le X-T3, Fujifilm a relevé ses manches pour revoir sa copie en profondeur.
Changement de processeur : X-Processor IV et surtout un nouveau capteur : X Trans CMOS IV. Le capteur passe de 24 MP à 26 MP. Sur papier, ça ne change pas grand-chose, disons, juste que le X-T3 est diablement plus véloce, à tous niveaux.
ERGONOMIE
Selon moi, peu de changements visibles. Quelques détails par-ci, par-là.
Il me semble que la poignée intégrée est plus proéminente. Bien qu’on soit encore loin du confort de la poignée du X-H1.
Les molettes de vitesse, de sensibilité et de correction d’exposition sont toujours bien présentes et bien pratiques. J’ai senti une grande amélioration quant à leur sensibilité ; elles sont plus résistantes aux faux mouvements. Il est aussi possible de les bloquer grâce au petit bouton-poussoir — vitesse et sensibilité.
EVF
J’ai connu les différentes évolutions des viseurs électroniques (EVF) des Fujifilm X. Pour être honnête, à l’époque du X-PRO1, en 2012, j’étais conquis par ce petit écran qui permettait de voir ce que l’on s’apprêtait photographier — "WYSIWYG : What You See Is What You Get".
Bien sûr, son EVF était loin de celui de l’actuel X-T3, mais c’était tellement mieux et confortable que le viseur optique traditionnel. Tout le monde ne partage pas cet avis, mais il faut savoir vivre avec son temps.
Avec le temps, Fujifilm a amélioré ses viseurs électroniques pour plus de confort et de rapidité. Celui du X-T3 ne déroge pas à la règle, le confort du grand œilleton couplé aux 3,69 MP du petit écran intégré et au taux de rafraîchissement de 100 images/seconde, c’est le paradis. Pas de saccade, de tremblement, d’imprécision ; c’est parfaitement fluide et surtout fidèle à la réalité.
Fujifilm a même ajouté une option pour activer un système anti-lignes noires lié aux éclairages LED. Ça n’altère pas la photo, mais c’est très désagréable à l’œil. C’est en grande partie corrigé.
Les différentes options d’affichage : niveau de la batterie, histogramme, nombre de vues, simulation de film choisie, niveau électronique, etc. sont bien entendu actionnables ou non.
Pour les porteurs de lunettes, comme moi, l’œilleton est d’un grand confort et offre un excellent dégagement oculaire. En son temps, c’est l’œilleton du X-Pro2 qui m’avait poussé à le vendre pour le X-T2, nettement plus confortable. Je ne vous parle même pas de celui du Leica SL/2, un peu bonheur, mais c’est une autre gamme de prix.
ECRAN
L’écran du X-T3 est désormais tactile. Cela ajoute quatre raccourcis programmables supplémentaires ainsi que la possibilité de déclencher si votre position ne permet pas de mettre votre œil sur le viseur électronique. Seul petit hic, votre nez peut facilement déclencher lui aussi. L’option tactile est heureusement désactivable.
Comme avant, l’écran est toujours orientable, horizontalement et verticalement. Pratique pour les acrobates.
AUTOFOCUS
C’est avec ce point précis que le X-T3 est entré dans la cour des grands.
Pour ma part, avec les années, c’est le point noir des appareils Fuji X qui a été le plus amélioré. Je ne vais pas me hasarder dans de douteuses comparaisons : Nikon D5/6 vs Canon 1Dx MK II vs ... vous me suivez. Non ! Le X-T3, dans sa gamme de prix et sa position compte parmi les meilleurs.
Mon usage actuel ne nécessite pas un autofocus digne de courses de Formule 1. Néanmoins, à l’époque où je photographiais des dizaines de mariages par an, j’admets que je n’aurais pas craché sur l’AF du X-T3. Bien que celui des X-T1 et X-E2 ne m’ont jamais gênés. Comme je l’ai dit dans d’autres articles, l’autofocus qui patinait dans de délicates conditions ne m’a jamais fait rater de photos ; c’est mon manque de réactivité qui en était responsable.
Quoi qu’il en soit, il est bon de savoir que Fujifilm est conscient de ses lacunes et travaille dur pour les améliorer, y compris sur les anciens appareils. Prenez le X-T1 à ses débuts et à l’heure actuelle et vous comprendrez ce qu’évolution veut dire.
AUTONOMIE
L'autonomie est souvent un point qui fâche sur les appareils mirrorless. Sans vouloir être encore une fois contradictoire, cela ne m’a jamais posé problème avec les Fuji X. La marque annonce 390 photos par charge sur le X-T3 couplé au 35mm F1.4. Après mon premier test, j’ai pu faire 512 photos avec une batterie chargée à 100 %. Ce qui équivaut à 25 % de plus qu’annoncé officiellement. Il en va de même avec le X-H1. J’ai pu faire quasi 30 % de photos de plus avec une batterie.
Pour les photographes qui pratiquent le reportage, quel qu’il soit, je ne saurais trop conseiller d’acquérir quelques batteries supplémentaires (pour la tranquillité d’esprit).
IMAGE
Avec ce nouveau capteur, je craignais non pas pour la qualité d’image, mais d’obtenir un rendu différent. Fort heureusement, il n’en est rien. Que vous utilisiez un Fuji X-T1, X-T2 ou X-T3, vous obtiendrez ce merveilleux rendu d’image si fidèle aux appareils Fujifilm X.
Il faut dire aussi que les optiques ne sont pas étrangères à ce résultat. Ayant eu la chance de pouvoir posséder un Leica Summilux 50mm F1.4, je peux vous garantir que la qualité optique y est pour beaucoup dans le rendu final d’une photo (c’est du bon sens, mais un petit rappel ne fait pas de mal). Bien entendu, le prix de ce type d’optique n’est pas à la portée de toutes les bourses, mais nous ne parlons plus d’optique, mais d’orfèvrerie.
J’ai toujours préféré les "vieux" objectifs de la gamme X ; à savoir le 35mm F1.4 et le 56mm F1.2. Pourquoi me demanderez-vous ? Parce qu’ils ont du caractère. Peu d’objectifs peuvent se prévaloir de cette qualité.
SENSIBILITE
Quant aux hautes sensibilités, je n’y vois rien à y redire. Je ne fais plus de photos dans des endroits obscurs, comme à l’époque des mariages. Je n’ai donc pas besoin de très hautes sensibilités. Le grain — ne confondons pas avec bruit — ne me gêne pas. D’ailleurs, j’en ajoute une bonne dose sur mes portraits. Je trouve que cela donne du cachet et du caractère — les goûts et les couleurs…
Vous pouvez allègrement photographier à 6400 ISO voire plus, tout en gardant des images parfaitement utilisables. Si vous comptez exposer en galerie, évitez de *monter si haut*.
DYNAMIQUE
La dynamique du nouveau capteur X-Trans CMOS IV est excellente, et même meilleure que sur les capteurs précédents. Les hautes et basses lumières sont facilement récupérables en RAW, ce qui ne doit pas vous empêcher de faire la meilleure photo possible à la prise de vue — encore une fois du bon sens….
Le X-T3 propose, tout comme le X-H1, la nouvelle simulation de film Eterna. Simulation destinée à la vidéo, mais que j’apprécie beaucoup pour son côté neutre.
Enfin, ne faisant pas de vidéo, je ne me vois pas déblatérer plus longuement sur ce sujet. D’autres l’ont fait bien mieux que moi.
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© 2010-2022, Frédéric Frognier